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Tatyluça ?
6 février 2006

A lire absolument

Le texte qui suit, a été écrit en 2002 lors de la joute littéraire dont le sujet portait sur : " votre livre préféré, à lire absolument ". Découvrez-le !

C’est Madame Bard qui m’apprit à lire à l’école Jules Ferry de Chenôve. C’était pendant la guerre. Les Allemands ayant occupé mon école et le groupe Paul-Bert j’ai même suivi les cours à mi-temps dans une pièce du Chapitre transformée en salle de classe. A la fin de l’année je lisais mon premier texte complet : "La petite poule rouge". Une merveille! Je m’en souviens encore. Depuis, je n’ai cessé de lire.

Henri d’Orléans, duc d’Aumale, quatrième fils de Louis-Philippe 1er, général français, se distingua par la prise de la smala d’Abd-el-Kader. Emir arabe qui dirigea la résistance à l’occupant français en Algérie, Abd-el-Kader fut interné pendant quelques années au château d’Amboise, à portée d’arquebuse du Clos-Lucé, charmante résidence que François 1er offrit à Léonard de Vinci à la fin de sa vie ; Léonard s’y installa avec La Joconde qui, trouvant la maison trop petite, emménagea au Louvre. Le Louvre fut transformé en musée en 1791; géniale réalisation de la Révolution. Le cône de révolution est un tour complet d’une partie de machine autour de son axe. L’Axe Rome-Berlin fut le fruit de la sinistre alliance des nazis allemands et des fascistes d’Italie. Pas l’Italie de Léonard de Vinci, mais celle de Ferrari; pas la pauvre Lolo, mais Ferrari la bagnole. Le cheval cabré; pas l’âne qu’a brait, comme dit mon beau-frère qui n’a jamais vu le Mont Palatin, le mal nommé puisqu’il est à Rome, donc latin. Alors que la princesse Palatine, Charlotte de Bavière, n’était pas latine puisque germanique. Germanique comme les Teutons et les Burgondes qui étaient des Barbares. Les Barbares ne sont pas dénommés barbares pour leur cruauté ou leur inculture. Les Romains et les Grecs appelaient Barbares tous les étrangers; pour les Chrétiens les Barbares étaient les non chrétiens; les Arabes se distinguaient en traitant leurs Barbares d’Infidèles. Logique imbécile et désastreuse qui sévit encore partout dans le monde.

D’accord, je raconte mal. Vous n’avez peut-être pas compris grand-chose. Il faut dire que l’histoire est compliquée, et aussi que le chef culturel de la Joute littéraire- le Jean-Marc- a interdit d’abuser des citations. C’est vraiment regrettable, car vous pourriez apprécier la qualité du style de mon livre préféré et la singulière richesse du vocabulaire. Où trouverait-on à la fois des mots comme: gymnasiarque, monocamérisme, sainte Marguerite-Marie Alacoque, hématoxyline, la gastrula qui fait suite à la blastula? Mais aussi: plaisir, jouissance, sexe, extase, volupté, luxure, zizi et Clitos.

Clitos, général macédonien, sauva la vie d’Alexandre le Grand à la bataille de Granique. C’est-t’y pas beau? D’autant plus beau que cet enfoiré d’Alexandre tua Clitos, son sauveur, six ans après au cours d’un banquet! Qui connaît cette affaire de mœurs aujourd’hui? Quelques-uns, dont moi depuis quelques jours. Dans mon bouquin il y a plein d’anecdotes du même tabac. Mais on n’est pas là pour rigoler. Je dois être sérieux comme un pape. Pas comme le pape Alexandre VI Borgia, célèbre pour ses six enfants illégitimes, dont César et Lucrèce.

J’arrête là parce que mon livre préféré fait dans les 1700 pages.

C’est le dictionnaire Larrousse.

Le livre qui dit tout, le guide, le répertoire, l’aide mémoire. C’est le savoir permanent. Avec lui on sait qu’on peut savoir, même si on n’est pas toujours le nez dedans. C’est une béquille. Il raconte l’Homme, sa grandeur et ses turpitudes, ses croyances, son sens du beau, ses réalisations grandioses. C’est un prodigieux ping-pong car chaque définition renvoie à une autre. Il est beaucoup plus plaisant que l’ordinateur car il n’est pas virtuel ; on le palpe, on le tripote. A l’ordinateur on pianote, on cherche plutôt frénétiquement. Le dictionnaire invite à la lenteur, à la méditation. L’ordinateur à un côté énervant car c’est une machine prétentieuse mais bête à manger du foin.

Quand j’étais petit je restais scotché (ce mot est-il dans le dico?) devant les planches illustrées, surtout celles en couleurs. Les papillons et les drapeaux, les armes, les oiseaux.

Et les pages roses! Quelle poésie! Tant pis pour le règlement, je cite:

-Sit tibi terra levis! (que la terre te soit légère)

-Verba volant, scripta manent. (les paroles s’envolent, les écrits restent)

-Summum jus, summa injuria. (Excès de justice, excès d’injustice)

Le dictionnaire c’est comme l’aspirine, il en faut toujours à la maison.

Mon dictionnaire Larousse est en évidence sur un rayon, toujours à portée de main.

Je ne lui trouve qu’un défaut : je ne peux pas le lire le soir dans mon lit !

-Bonum vinum lactificat cor hominis. (le bon vin réjouit le cœur de l’homme)

-Nunc est bibendum! (c’est maintenant qu’il faut boire !)

                                                                      Bernard G.

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